• Chat-vampire de Nabeshima

    Les chats au Japon

    Les chats arrivent au Japon au VIe siècle en même temps que la doctrine bouddhiste, mais sa réelle introduction date du 19 septembre 999, date de l'anniversaire de l'empereur Ichijo, qui reçut un chat pour ses treize ans. L'image du chat a beaucoup évolué au Japon où il sera considéré tantôt porte bonheur pour son pelage écaille de tortue, tantôt maléfique. Le succès du chat est si important dans le pays qu'une loi du XVIIIe siècle interdit l'enfermement et le commerce de l'animal. Certaines histoires racontent que les japonais câlinaient tant leurs chats que ces derniers finirent par ne plus chasser les souris, rats et souris se mirent à proliférer à tel point que les japonais durent peindre des chats sur les murs de leur maison pour chasser les rongeurs.

    Le chat est bien représenté dans l'art japonais, d'abord sous les traits d'un écaille de tortue blanc, puis de plus en plus comme des chats blancs et des chats sans queue : le bobtail japonais. De grands peintres se sont illustrés dans la représentation des chats, comme Utagawa Hiroshige ou Utagawa Kuniyoshi. Utamaro allie toujours les chats avec les belles femmes, ce qui se retrouve dans les poèmes japonais, où le chat est étroitement associé à la grâce de la femme. Symbole de la sensualité, du désir, le chat représente également le charme et la décadence.

    « 

    Dans les ténèbres de cette ville immense
    Seule dort l'ombre d'un chat bleu […]
    L'ombre bleue d'un bonheur que je poursuis.

     »

    — Sakutaso Hagiwara, Le Chat bleu

    Toutefois, il existe également une version sombre et inquiétante du chat, issue de la tradition populaire. Parmi celle-ci, il y a Aïnous le chat revenant, le chat né des cendres d'un monstre, et celui à deux queue d'Okabe. Pierre Loti évoque également dans ses Japoneries d'automne une ronde de chats se réunissant dans un jardin isolé les nuits d'hiver, au clair de lune. Le chat-vampire de Nabeshima est une légende, très racontée au cours de l'ère Edo, qui met en scène un chat démon ou un chat vampire s'attaquant à la famille des Nabeshima

    La Légende

    O Toyo est la plus ravissante femme qui soit de tout l'Empire et est la favorite du prince Nabeshima de Hizen. Le sommeil d'O Toyo est régulièrement troublé par le rêve d'un gros chat qui l'épie. Une nuit, alors qu'elle se réveille en sursaut, elle voit deux yeux phosphorescents qui l'observent. Terrifiée, elle ne peut pas proférer une parole ni appeler de l'aide. Un énorme chat noir lui saute à la gorge et l'étrangle. Il traîne le cadavre de la favorite jusqu'au jardin et l'enterre. Puis, revenant dans la chambre, il prend l'aspect physique de celle qu'il vient de tuer.

    Nabeshima lui-même ne s'aperçoit pas de la métamorphose tant la nouvelle O Toyo ressemble à l'ancienne. Tandis qu'il continue à fréquenter la fausse O Toyo, le prince tombe malade : son visage est livide, il ressent perpétuellement une immense fatigue. Son corps ne porte aucune blessure. Les médecins, appelés à son chevet, parlent de « langueur » sans pouvoir émettre de diagnostic plus précis. Le mal s'aggrave : le prince fait des cauchemars affreux dont il ne se souvient pas le lendemain. Sa raison vacille. La princesse, sa femme, décide de le faire veiller par des hommes en armes.

    Chaque nuit, tous les hommes postés pour la garde s'endorment en même temps. Le jeune soldat Itô Sôda se présente et demande timidement la permission de veiller sur le prince qu'il tient en grande estime. La nuit suivante, Itô Sôda figure parmi les gardes chargés de protéger le prince en entourant sa couche. Il voit ses camarades céder au sommeil l'un après l'autre et lui-même a les paupières lourdes. Il s'entaille le genou de son poignard afin que la douleur le tienne éveillé. Chaque fois qu'il s'engourdit, il remue le couteau dans la plaie et réussit à garder les yeux ouverts.

    Tout à coup, les portes de la chambre ou repose le prince glissent silencieusement. Une femme d'une grande beauté entre dans la pièce ; le vaillant jeune homme reconnait O Toyo. Avec la souplesse fluide d'un félin, elle se glisse entre les gardes et s'approche du prince endormi. Itô Sôda se dresse et s'interpose entre la femme et le prince. Il en est de même chaque fois que la dame veut trop s'approcher de la couche où repose Nabeshima. À l'aube, la femme disparaît.

    Le soldat fait son rapport : il est chaleureusement félicité, d'autant plus que pour la première fois depuis longtemps, le prince se sent reposé. La nuit suivante, Itô Sôda est encore de garde. Le manège se répète mais il empêche toujours la magnifique femme de s'approcher du prince. Les nuits suivantes, elle ne revient plus. Les gardes restent éveillés. Le prince reprend des forces. Tout le palais est en fête.

    Itô Sôda estime qu'il n'a pas fini sa tâche. Il fait annoncer à O Toyo qu'il lui apporte un message du prince et tandis qu'elle ouvre la missive, le guerrier tire son sabre et lui tranche la tête. Sur le sol gît non pas le cadavre d'une jeune femme mais, la tête coupée, un gros chat noir. Le chat-vampire qui, nuit après nuit, venait boire le sang du prince. Une autre version de la légende explique que le chat réussit à s'échapper dans les montagnes, et qu'il fut abattu lors d'une battue organisée par le prince guéri


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